Marie-Claude Di Lillo
mc@lecarnetdemc.ca

Dans le cadre du Mois de la nutrition, nous avons demandé à Catherine Lefebvre, nutritionniste  de nous dévoiler les 5 mythes alimentaires les plus courus et de les démystifier. Catherine sera aussi une des conférencière à l’Expo Manger Santé qui aura lieu du 15 au 17 mars à Montréal. Elle est aussi l’auteure du nouveau livre  Sucre, vérités et conséquences. Voici donc ses éclaircissements sur nos croyances populaires en alimentation.

 

1- L’huile de noix de coco est bénéfique pour la santé du cœur.

 

 

FAUX. L’huile de noix de coco est majoritairement composée de gras saturés. La moitié de ceux-ci sont sous forme d’acide laurique, qui a la réputation d’avoir un impact moins important sur le taux de LDL, le transporteur de cholestérol ayant tendance à le déposer dans nos artères. Toutefois, les plus récentes données probantes démontrent que l’huile de noix de coco semble influencer le taux de cholestérol sanguin sensiblement de la même façon que les autres gras contenant une majorité de gras saturés, comme le beurre et l’huile de palme. La meilleure combinaison de gras alimentaires pour réduire le risque de maladies cardiovasculaires demeure de réduire notre apport en gras saturés en les remplaçant par des gras insaturés, comme ceux présents en plus grande quantité dans l’huile d’olive, de noix (autre que la noix de coco) et de graines et les poissons gras.

 

2- La diète cétogène – riche en protéines et en gras, mais très faible en glucides — augmente les performances physiques.

 

 

PLUS OU MOINS. Depuis que nous connaissons mieux les effets délétères de la surconsommation de sucre sur la santé globale, certains consommateurs ont fait le choix de les exclure le plus possible de leur alimentation. Ce faisant, la diète cétogène  (ou  « keto diet ») fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps. Elle est principalement constituée de viande, de poisson et de fruits de mer et de produits laitiers – des protéines – et de gras, comme les huiles végétales, le beurre et la crème. Les légumes sont permis – sauf les tubercules et les légumes racines —, mais les fruits sont à limiter, tout comme les féculents (riz, pâte, pain). À la lumière des plus récentes études scientifiques à ce sujet, il est effectivement possible d’entrainer les muscles à utiliser efficacement les graisses plutôt que les glucides comme source d’énergie. Ainsi, cela augmenterait considérablement le niveau d’endurance des athlètes, puisque nos réserves en graisses sont plus importantes que celles en glycogène, forme sous laquelle nous emmagasinons les glucides dans le corps. Nos muscles auraient donc accès à une source d’énergie quasi inépuisable lors d’une performance physique. Toutefois, l’utilisation des graisses plutôt que les glucides entraine une dépense énergétique additionnelle qui a des répercussions sur la performance. Cela n’améliorerait pas les chronomètres lors d’un sport d’endurance, par exemple. On gagne d’un côté, mais la science nous indique qu’on perd possiblement ailleurs. Dans tous les cas, il faudra plus d’études, à plus long terme, pour bien comprendre les effets potentiellement néfastes ou réellement bénéfiques d’une telle diète avant de l’adopter les yeux fermés. (Source :http://observatoireprevention.org/2017/06/19/est-ce-que-le-regime-cetogene-ameliore-vraiment-les-performances-athletiques/)

 

3- Le jeûne intermittent aide à prévenir le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires.

 

 

ÇA DÉPEND. La perte de poids améliore la glycémie – le taux de sucre dans le sang – des personnes atteintes de diabète de type 2. Or, certains chercheurs avancent que de jeûner pendant 24 h une ou deux journées par semaine, ou alors manger pendant une certaine période de temps pendant la journée, entre 9 h et 17 h seulement par exemple, permettrait de perdre du poids efficacement, et ainsi, de prévenir le diabète de type 2. De plus, cela permettrait aussi réduire la sécrétion d’insuline lors de la prise alimentaire importante et régulière qu’ont certaines personnes. Les plus récentes données probantes à ce sujet sont intéressantes dans des contextes précis, principalement pour les personnes à haut risque de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 2. Toutefois, d’autres régimes, comme ceux réduits en énergie, semble aussi procurer des bienfaits similaires. Dans tous les cas, si vous souhaitez adopter le jeûne intermittent à plus ou moins long terme, il est préférable de consulter un.e nutritionniste pour que ce modèle d’alimentation soit convenablement adapté à votre réalité.

 

4- Les alternatives aux protéines animales sont de bonnes options pour le bien de notre santé et celle de la planète.

 

 

ÇA DÉPEND. Il est certainement intéressant d’inclure davantage de protéines végétales à notre alimentation. Je pense ici aux légumineuses, aux noix et graines, au tofu et au tempeh. Toutefois, il y a de plus en plus de produits végétaliens ultra-transformés sur le marché. Et ceux-ci n’équivalent pas du tout aux aliments de base cités précédemment. Il n’est pas rare de remarquer de longues listes d’ingrédients, incluant différents types de sucre, du sel et de nombreux additifs alimentaires dans les imitations de viandes ou de produits laitiers sur le marché. De plus, ces produits contiennent souvent des ingrédients importés et dont la méthode d’agriculture n’est pas tout à fait durable, l’avocat par exemple. En additionnant l’impact environnemental de tous les ingrédients qui les composent, il serait intéressant de comparer leur impact environnemental à des aliments d’ici, comme les lentilles ou le tofu.

 

5- Les sucres naturels, comme le sirop d’érable et le miel, sont préférables aux sucres raffinés.

 

 

FAUX. Qu’il soit sous forme de sucre blanc, de sucre brut, de miel, de sirops d’érable ou d’agave, ou encore de sucre de noix de coco, il a sensiblement le même effet sur le corps. L’organisme ne fait pas de distinction entre le glucose issu de la canne à sucre ou de la sève des fleurs de cocotier. Du point de vue métabolique, il n’y a pas de sucre libre – sucre ajouté aux aliments par le fabricant, le cuisiner ou le consommateur, en plus des sucres naturellement présents dans le miel, les sirops, les jus de fruits et les concentrés de jus de fruits — vraiment meilleur qu’un autre. Ils sont tous absorbés par le corps à vitesse grand V. Or, vider la cruche de sirop d’érable sur notre gruau sous prétexte qu’il contient des antioxydants n’est ni « moins pire » ni l’idée du siècle. Le miel et le sirop d’érable donnent des goûts exquis à nos desserts maison. Les utiliser a le mérite d’encourager nos producteurs locaux. Voilà de bonnes raisons de les privilégier, sans leur donner pour autant l’immunité glucidique.

 

Vous êtes intéressé par la nutrition et ses pièges? Catherine Lefebvre présente une conférence à propos de son livre Sucre, vérités et conséquences, le vendredi 15 mars à 16h30 sur la scène Vivre de l’Expo Manger Santé. Vous êtes invités à assister à cette conférence et c’est gratuit.

 

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