Marie-Claude Di Lillo
mc@lecarnetdemc.ca

De plus en plus, les femmes s’illustrent dans le domaine de la sommellerie au Québec. On a qu’à penser non seulement à Véronique Rivest et à Élyse Lambert, qui se sont hissées parmi les meilleurs sommeliers au monde: Véronique Rivest (2e au monde) et Élyse Lambert (5e au monde), suite à leur participation au très sélect Concours du Meilleur Sommelier du Monde, respectivement en 2013 et en 2016.

Puis, le 31 mai prochain aura lieu la finale du Concours du Meilleur Sommelier du Québec. Des 19 excellents candidats qui se sont présentés pour s’inscrire au Concours, seulement trois ont été retenus pour la finale : Joris Guttierez Garcia (sommelier Le Filet), Pier Alexis Soulière (sommelier au Manresa) et une femme, Mylène Poisson (sommelière à la Maison Boulud).

Le Carnet de MC a rencontré la candidate finaliste, pour en savoir plus sur la préparation que ce concours nécessite. Interview avec une jeune femme ambitieuse et passionnée.

 

 

La sommelière Mylène Poisson en pleine pratique de dégustation

La sommelière Mylène Poisson en pleine pratique de dégustation.

 

Mylène Poisson pourrait se tailler une place de choix parmi l’élite féminine des sommelières qui ont du succès, si elle remportait le titre de Meilleure sommelière du Québec. Ce titre lui donnerait la possibilité d’accéder ensuite au Concours du Meilleur sommelier du Canada cet automne, et de gravir lentement les échelons de la sommellerie mondiale, si elle le désire.

La jeune femme a une belle feuille de route derrière elle. Sommelière diplômée de l’ITHQ en 2009, elle a ensuite suivi le cours d’analyse sensorielle des vins du monde à l’ITHQ. Elle a obtenu la mention « certified sommelier », après avoir passé son « Court of Master Sommelier » et fait son programme WSET 3. Elle a aussi étudié l’œnologie à la prestigieuse Université du Vin Suze-la-Rousse en France. Entre autres distinctions, notons qu’elle a mérité la Bourse des Grands Chefs Relais & Châteaux en 2012. Elle travaille depuis 2013 comme sommelière au restaurant Maison Boulud de l’Hôtel Ritz-Carlton de Montréal. Son chum, Carl Villeneuve, sommelier chez Toqué !, a été élu lui, le Meilleur sommelier du Québec au dernier Concours d’il y a trois ans. Mylène compte bien remporter à son tour ce titre, confiante de ses capacités.

Nous l’avons intercepté pour connaître son état d’esprit avant le concours et ce qu’elle prévoyait faire pour mettre toutes les chances de son côté. Voici le compte-rendu de notre entrevue avec elle…

 

Le Carnet de MC (LCDMC) : Mylène, depuis quand tu te prépares pour te présenter au Concours du Meilleur Sommelier du Québec ?

 

MP : L’idée de me présenter au concours a commencé à germer dans ma tête il y a trois ans. Mais à cette époque, mon chum (Carl Villeneuve) voulait se présenter et je ne voulais pas me présenter contre lui. Je lui ai laissé la place. Quand il a gagné, je me suis dit là c’est mon tour !

 

LCDMC : Quand as-tu commencé vraiment à te préparer ?

 

MP : Ca fait peut être un an que j’ai commencé, mais depuis disons 3 mois, j’ai intensifié mon «entraînement», si on peut dire. Je fais beaucoup de pratiques de dégustations, je lis beaucoup aussi, je n’arrête pas de fouiner. Je suis constamment dans mes livres et sur Internet. Le monde du vin est tellement vaste !

 

LCDMC : Combien d’heures consacrent tu environ par jour à ton « entraînement » ?

 

MP : Incluant la théorie et la pratique, je consacre en moyenne 6 heures par jour à ma préparation.

 

LCDMC : Que fais tu concrètement pour te préparer au concours ? As tu une routine ?

 

MP : En fait oui ! Je me lève assez tôt et je fais de la visualisation en me levant tous les jours le matin. Ensuite, je fais 30 minutes de cardio à la maison, presqu’à tous les jours. Je mange bien, me repose. J’essaie d’avoir un rythme de vie sain. Quand je suis fatiguée et que ça ne rentre pas, je prends une pause.

Ensuite je me mets dans mes livres, et sur l’internet un bon trois heures et plus pour lire toutes sortes d’informations reliées au vin ou à la gastronomie.

 

LCDMC : Et pour le côté pratique ?

MP : J’ai la chance de bénéficier de l’espace du restaurant Toqué !, où mon chum travaille comme sommelier. Après ma théorie, une à deux fois par semaine vers les 14 heures, je pars de chez moi pour le Toqué !. Le restaurant met à ma disposition des bouteilles de vins et de spiritueux pour mes dégustations. Le reste du temps, Carl emporte des échantillons de 3 oz du Toqué – une entente qu’il a avec eux pour mes pratiques – et je déguste à la maison ces produits à l’aveugle dans des verres noirs. Cognacs, armagnacs, scotchs, bourbons, vins, tout y passe pour pouvoir mieux les démystifier.

 

LCDMC : Ton chum t’aide beaucoup à ce que je peux voir ?

 

MP : Oui ! C’est le meilleur coach possible ! C’est pas toujours facile parce qu’il est sévère mais il m’assiste dans mes dégustations tous les jours au Toqué ! et à la maison, puisqu’il est passé par là pour le concours il y a trois ans.

 

LCDMC : Dis, moi as-tu arrêté de travailler pour te concentrer sur ton concours ?

 

MP : Je n’ai pas arrêté, mais je travaille la moitié du temps (3 shifts semaine au lieu de 5), pour me permettre de m’entraîner. Mais quand je suis au travail, c’est aussi une pratique en soi. Je me mets souvent en contexte de concours et je révise mes notions.

 

LCDMC : Es-tu stressée ?

 

MP : Ah oui, je peux l’être ! En ce moment, je travaille à ma gestion de stress. C’est un gros volet de ma préparation d’avant-concours. Le stress, ça se passe beaucoup dans la tête. Juste un commentaire que quelqu’un passe à côté de toi, et cela peut te faire changer le cours de tes pensées. J’essaie de me concentrer et de « rester focus », pour mettre cela en pratique au concours. Je travaille sur ma respiration. J’essaie de ne plus voir mon stress comme quelque chose de négatif. Je veux que le stress m’amène à un autre niveau, qu’il me propulse en avant, qu’il me donne l’adrénaline nécessaire pour passer le concours avec encore plus de facilité.

 

LCDMC : Comment entrevois-tu le concours ?

 

MP : Jai vraiment hâte ! Je trouve ca l’fun car le niveau des candidats est très haut, donc c’est un beau défi et je vais être en forme pour ce concours. Je suis très confiante et je reste positive. Je veux avoir du plaisir à le faire. Je me dis qu’après tout c’est que je fais au quotidien depuis des années, donc je vais restée moi-même. Je veux que les gens sentent que j’aime mon travail et que je suis passionnée par ce que fais.

 

LCDMC : Si tu gagnes, qu’est-ce qui changera pour toi ?

 

MP : La première chose que je vais me dire si je gagne, c’est que je suis fière de moi ! Car non seulement cela signifie une évolution au niveau professionnel, mais aussi au niveau personnel. Mon parcours va m’avoir permis de mieux me connaître, et d’avoir réussi à me dépasser. Puis, après avoir savouré un peu la victoire, on se retroussera les manches pour la suite, en route pour le Concours du Meilleur sommelier du Canada en septembre !

 

LCDMC : Tu sais que si c’est le cas, tu vas devoir affronter ton chum au concours canadien de Vancouver…

 

MP : Oui, mais je suis prête maintenant ! C’est une belle expérience à vivre ensemble et on le voit de façon saine. On se dit que ce concours on va le faire ensemble et non un contre l’autre.

 

LCDMC : Hormis ton chum, as tu des mentors ou des gens qui t’ont aidé dans ta carrière ?

MP : Oui et je m’en trouve extrêmement choyée. Des gens comme Gérard Basset, le Meilleur sommelier du monde en 2010, m’ont beaucoup aidée. Il est devenu mon mentor et mon idole. J’ai eu la chance de travailler pour lui à son hôtel boutique dans le sud de l’Angleterre et il m’a prouvé qu’il croyait beaucoup en moi. Il me challenge beaucoup et tout ce qu’il me dit est imprégné dans ma tête. J’ai aussi des coachs comme Jean Paul Allaire (coach de vie) et Alexandre Marchand, passionné de vin, ainsi que toute l’équipe de Maison Boulud où je travaille, et du Toqué ! qui sont derrière moi. Je tiens aussi à remercier les agences de vins qui m’ont encouragé en me donnant des bouteilles pour mes pratiques. Sans eux, je ne serais pas aussi préparée à vivre ce concours avec autant de sérénité.

 

 

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POUR LA SUITE …

QUELLES SERONT LES ÉPREUVES DU CONCOURS ?

Nous savons peu de choses à l’avance sur les questions posées au Concours du Meilleur sommelier du Québec. Ce que nous savons, toutefois, c’est que le Concours du 31 mai consistera en une étape théorique (qui vaut pour 40 %) et une étape pratique (qui vaut pour 60 % de la note). Ces épreuves seront réalisées devant public au Cabaret du Casino de Montréal.

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Côté théorique, Mylène nous apprend que les questions peuvent ratisser très large : « Si je me fie à l’examen qu’on a eu à l’École des Métiers de la Restauration, il faut s’attendre à tout au Casino pour le concours. On nous avait demandé alors de multiples questions sur la gastronomie. Par exemple, qui étaient, selon le guide San Pellegrino, les deux chefs les plus primés au monde. Nous avons aussi eu droit à un tableau avec des ingrédients, et il fallait associer ces ingrédients à des noms de sauces. C’est vous dire, comme la gastronomie peut être importante et reliée à notre métier de sommelier ! ». Mylène rajoute qu’elle s’attend à des questions qui peuvent toucher les vignobles québécois (un focus marqué à son dernier examen), le monde des spiritueux, mais aussi les fromages, les cafés et même les cigares !

Si l’examen théorique valide davantage la culture générale et les domaines qui complémentent le travail de sommelier, l’examen pratique, lui, concerne beaucoup l’art de la dégustation et le service.

Le public est invité cette année à déguster à l’aveugle en même temps que les candidats. Une belle façon de se mettre dans la peau de ceux-ci durant le Concours. Et vous pouvez acheter vos billets ici pour y assister.

 

Une longue journée d’étapes attend donc nos candidats ce 31 mai. Les gagnants seront annoncés sur le site de Sommeliers Québec vers la fin de la soirée.

Les 3 candidats qui se présenteront ce 31 mai devant le jury.

Les 3 candidats qui se présenteront ce 31 mai devant le jury.

 

Le Carnet de MC voudrait souhaiter bonne chance à tous les candidats. Que le meilleur gagne !

Si cet article vous intéresse, lisez aussi : Qui sera le meilleur sommelier du Québec ?

 

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