Manuel de la vie sauvage – La pièce explosive de la rentrée

Thomas Campbell
thomas@lecarnetdemc.ca

Manuel de la vie sauvage amorce la saison de Duceppe avec une pièce québécoise percutante. C’est une belle occasion de revenir en salle pour voir ce spectacle décapant présenté comme une fausse conférence de motivation.

Sur scène, la fondatrice d’une application révolutionnaire revient sur son ascension vers le succès. À travers des anecdotes, on découvre une jeune entrepreneuse qui ne recule devant aucun sacrifice pour réussir. Emmanuelle Lussier-Martinez incarne avec conviction cette lionne opportuniste pour qui l’appât du gain passe avant tout sens moral. Son personnage glaçant de Cindy Bérard n’est d’ailleurs pas sans nous rappeler celui de la série The One basée sur un concept similaire de technologie innovante.

Et parlons-en de cette fameuse interface sociale. L’idée originale de l’auteur Jean-Philippe Baril Guérard est d’avoir imaginé Huldu, un programme pour clavarder avec les morts. Grâce à des échantillons de messages, la personnalité d’un défunt serait ainsi numérisée pour avoir l’impression d’un échange en temps réel. Cela paraît fou, mais on serait surpris de voir nos empreintes numériques en ligne. Cette vision du futur est donc pour le moins troublante.

Manuel_de_la_vie_sauvage

© Danny Taillon

 

La pièce Manuel de la vie sauvage est rafraîchissante, grâce à un texte accessible. Ceux qui vont rarement au théâtre y trouveront assurément leur compte. On ne s’embarque pas dans des explications complexes sur les fonctionnalités de Huldu, mais davantage sur le parcours des humains derrière l’application.

On pourrait même la comparer à une sorte de cours 101 d’entrepreneuriat. Cindy Bérard (Emmanuelle Lussier-Martinez) donne l’illusion d’un coaching en direct en nous distillant ses conseils. Elle s’adresse directement au public sur le ton de la confidence. On y apprend notamment comment son personnage passe d’une idée à sa monétisation. Seulement, les passages les plus croustillants sont les obstacles sur la route du succès. C’est là que l’humour noir de la pièce prend tout son sens, puisqu’on assiste à un véritable jeu de massacre. Coups bas et rivalités sont au programme, car on nous rappelle qu’en affaires, l’éthique est un luxe.

Cette redoutable leçon s’accorde avec la simplicité du décor. L’écran sert notamment de lien entre la scène et les coulisses. Les comédiens s’expriment souvent face caméra, parfois en très gros plans. Cela accentue leur expressivité, renforçant leurs émotions et leurs malaises.

Manuel de la vie sauvage offre un portrait réaliste du monde des start-ups où l’ombre des géants du Web n’est jamais bien loin. Le spectacle est également l’occasion d’aborder l’enjeu des médias sociaux et de leur place dans notre quotidien. Et en attendant son adaptation en série, la pièce est notre incontournable de la rentrée, qui se regarde comme un bon épisode de Black Mirror.

 

Aucun commentaire

Publié un commentaire

Suivez-nous sur Instagram
Ce message d’erreur n’est visible que pour les administrateurs de WordPress

Erreur. Aucun flux trouvé.

Veuillez aller sur la page de réglages d‘Instagram Feed pour connecter votre compte.